« L’unicité de conception fondamentale réside dans le genre d’espace qu’emploie l’artiste, et le genre d’espace qu’il utilise déterminera comment la couleur, le trait, la texture, le clair-obscur et chaque autre élément contribuent à ce mouvement. » Mark Rothko, La réalité de l’artiste, p. 91.
Cette phrase de Mark Rothko met en avant le choix de l’artiste face à l’espace qu’il projette dans son travail, et qui déterminera toute son œuvre.
Comment trouver son propre espace ? Comment le faire sien ? Comment réussir à échapper aux lieux communs et à affiner nos choix ?
L’espace le plus vaste et qui offre le plus de possibilité, n’est-il pas la Nature elle-même ?
Comment s’y confronter ?
Comment réussir à y trouver sa place ? A y laisser une trace ?
Comment réussir à représenter une telle étendue ?
A travers mes dernières recherches plastiques, notamment mes dessins aux pigments, j’ai tenté de me confronter à cette immensité en essayant de retrouver ce que l’on peut ressentir lorsque l’on est face à elle. On est à la fois englouti, envahi, déséquilibré par cette force qui nous traverse et nous fait face. Elle nous fait prendre conscience de notre “être là”. Et en même temps, nous invite vers une multitude de possible.
Avec la série de trois dessins-structures de 3,40/3,50m, j’ai tenté de retrouver ce sentiment d’envahissement que l’on a lorsque l’on est confronté à une étendue. Cette étendue s’appréhende, demande un temps d’observation. Elle nous happe, mais en même temps nous rejette, il faut s’y confronter un moment pour qu’elle s’ouvre à nous. Il faut la mériter. Et quand on y est, on se perd à travers elle, puis on se laisse emporter par notre regard qui guide notre imagination et vice versa.
C’est alors qu’on découvre un nouvel endroit, un lieu, un paysage...
« Avant l’intervention humaine, le Roden Crater n’est qu’une nature, certes puissante et imposante, mais ce n’est pas encore un lieu. »
Georges Didi-Huberman, L’homme qui marchait dans la couleur p.76.
La nature ne devient lieu qu’après l’intervention de l’artiste.
Je ne demande qu’à inventer de nouveaux lieux.
Sans Titre, novembre 2011
Dessins-structures
340/350/10cm
Pigment sur toile de coton.
Sans titre, mai 2011
Dessins,
10,5/15,5 cm
Pigment et poudre graphite sur papier.
(Sélection de six dessins tirés d’une série de 14).
Sans titre, mars 2011
Sérigraphie,
75,5/110 cm env.
Encre de sérigraphie sur plaque de métal.