Au cours de promenades, déambulations hasardeuses ou trajets quotidiens, il est fréquent de voir fleurir des tags sur les façades et murs qui longent notre parcours. Ces marques - banalisées au point de devenir partie intégrante du paysage urbain - apparaissent comme des tentatives d'appropriation d'un espace et d'insertion du nom de leur auteur dans une mémoire collective.
L'intervention opérée près de la station Motte rouge consistait à recouvrir de feuilles blanches adhésives la totalité des tags réalisés sur un même mur. L''action de camouflage semble libérer la surface de toute revendication spatiale en niant la présence de ces signatures. Dans un élan contraire, l'inscription "ce tag est momentanément indisponible" souligne la présence du tag en invitant à en constater l'absence. Il s'agit là de témoigner d'un manque - au même titre qu'une fiche dite "fantôme" matérialise l'absence d'un livre sorti d'un rayon ou d'une oeuvre déplacée d'une réserve - et d'instituer l'absence comme signifiante.
Le terme "momentanément" renvoie au temps pendant lequel l’adhésif entretient ses propriétés de masquage. Après avoir été arrachée ou décollée par les intempéries, la phrase en cessant d'exister laisse de nouveau apparaître le tag.
Ce tag est momentanément indisponible (détail), 2011, dimensions variables, impression jet d'encre sur papier adhésif, station Motte rouge, Nantes |